Come home [R. Will']

Rosemary revenait après plusieurs mois passés en Europe, en Italie. Le magazine pour lequel Rosemary travaille l’avait envoyé là bas quelques mois. Elle avait réellement adoré ça, si elle était partie c’était bien sûr en partie à cause de William, son mari. Il lui était difficile de ne pas penser à cet homme. Elle avait mit exactement cinq minutes avant de se décider à quitter San Francisco pour ne plus le revoir. Elle le détestait pour tout ce qu’il lui avait fait, même si elle avait peur de revenir en Californie, son stage étant fini elle n’eut pas trop le choix puis plusieurs propositions l’attendaient déjà ici.

Son taxi l’avait déposé devant l’immense maison tout près de la Marina. Ils avaient craqué pour cette maison trois ans plus tôt, juste un an après leur mariage. Rosemary ne s’avait pas si William y était toujours et l’affronter était un moment qu’elle redoutait actuellement. Alors que Rose ouvrit la porte, le chauffeur déposa ses valises à l’intérieur, lui adressant un sourire de remerciement, l’homme repartit aussitôt. Poussant un soupir, elle leva les yeux vers la cheminée ou était disposée des cadres avec des photos de son mari et elle. Instinctivement, elle passa une main sur son ventre déjà très rond. Rosemary entrait dans son septième mois de grossesse, par conséquent son ventre ne pouvait être que très imposant. Elle retira sa veste blanche qu’elle accrocha au porte manteau, elle était habillée très simplement, d’une robe noire assez longue, très moulante qui mettait son ventre réellement en valeur, tout ça perchée comme à son habitude sur de très hauts escarpins noirs.

S’avançant vers le salon, elle y trouva une série de lettres à son nom disposée sur la petite table basse, elle se doutait que William les avait mit là. Rose leva la tête et ouvrit la grande baie vitrée respirant profondément cet air si californien qui lui manquait. Elle entendit alors la porte d’entrée s’ouvrir et se refermer doucement. Se tournant, elle croisa le regard de cet homme dont elle était séparée.

« Will’… bonjour. » murmura t’elle simplement.

Pendant que beaucoup l’imaginait avec un fille à son bras ou au fond d’une boite de nuit, la vérité était tout autre. Il avait passé la nuit à travailler au studio. Etre seul n’avait rien de joyeux mais travailler était encore pour lui la seule solution qui évitait de trop penser. Ou surtout de penser à l’échec qu’était son mariage. Il avait passé la nuit sur des compositions et des arrangements de dernières minutes quand il avait vu les membres débarquer.

Ces amis lui jetaient des regards suspicieux et il comprit qu’ils n’étaient pas dupes. Il trouva alors l’excuse de partir ne voulant en aucun cas entendre leur remontrance. C’était ainsi, qu’habillé d’un jean usagé foncé et d’un sweat qu’il avait enfilé par-dessus son tee shirt, il se dirigeait chez lui. Se passant une main sur le visage, il sortit de sa voiture, qu’il gara à son emplacement devant le garage. Debout dans la maison, il se passa une main nerveuse dans les cheveux. A chaque qu’il se trouvait ici, son esprit se tournait inévitablement vers Rose. Elle lui manquait mais il s’était promit de ne pas craquer et de rester à distance, comme elle le souhaitait, du moins le pensait-il. Une barbe de quelque jours voilant ses joues, il monta les quelques marches après avoir récupéré le courrier du matin, ainsi que le journal qui avait du être livré au petit matin. Il poussa alors la porte de la maison quand il aperçu des valises. Il manqua d’en lâcher ce qu’il avait dans les mains. Il fit alors quelques pas dans la maison lorsqu’il la vit. Toujours aussi séduisante mais avec un détail plutôt imposant depuis son départ.

« - Rose… » Lâcha-t-il un peu surpris, avant de se reprendre mal à l’aise. « Tu es rentrée quand ? Je ne savais pas que… enfin… » fit il en fermant les yeux une longue seconde, essayant de rassembler ses pensées et de tempérer la nervosité qui l’envahissait. « Tu va bien ?… enfin vous… à ce que je vois… » Murmura Will encore sous le choc, tout en déposant le courrier près du comptoir de la cuisine. Prenant une lente respiration, il la rejoignit d’un pas lent au salon. Il leva alors les yeux vers elle, troublé par sa présence.

Terriblement sexy. C'était tout ce qu'il lui venait à l'esprit en le voyant apparaître devant elle. Elle n'avait pas oublié que William était un bel homme mais là, il était totalement irrésistible. Et voilà comment se faire avoir et se retrouver enceinte. Elle le regarda totalement surpris de la trouver ici, enceinte en plus de ça. Rosemary croisa le regard de Will', alors qu'il s'empressa de lui poser tout un tas de questions sur son retour. Elle croisa les bras sur sa poitrine puis souffla.

« A l'instant, en fait. J'ai prit l'avion hier. »

Mal à l'aise, elle se rapprocha toutefois.

« Je vais bien. On va bien.» murmura t’elle sans croiser son regard. « Ecoute, je sais que tu dois te poser des questions...et c'est difficile d'avoir cette discussion seulement quelques minutes juste après mon retour, Will'. »

Rose leva la tête, croisant le regard de son mari.

« J'ai apprit ma grossesse un mois que je sois installée en Italie. Je ne t'ai rien dit parce que je doutais que ce soit une de tes réelles préoccupations. » lâcha t'elle brusquement.

Les mains de Rosemary vinrent se poser doucement sur son ventre rond alors qu'elle croisa le regard de Will'.

« Tu es son père, William. Mais c'est mon bébé. »

En quittant le studio, il avait songé prendre un douche et se laisser tomber sur son lit mais à cet instant, il était on ne peut plus réveiller. Et son envie de dormir avait disparue comme par enchantement. Face à sa femme, il ne savait ni quoi dire, ni quoi faire. Ses sentiments pour elle, il les renfermait au plus profond de lui, se doutant de ce qu’elle pouvait penser de lui. Il avait commit une erreur. Mais la connaissant, il savait qu’elle ne serait pas conciliante sur ce sujet. Il songea plutôt que cette discussion serait pour plus tard, si discussion il y avait. Il s’empressa plutôt de lui poser d’autres questions, d’ordres général et matériel.

Apprenant qu’elle venait juste d’arriver, il se demanda si elle avait porté ses valises. Il repoussa de nouveau cette question au fond de son cerveau et la vit faire un pas vers lui, lui assurant qu’ils se porte parfaitement tous les deux. Elle ne lui cacha pas qu’elle ne tenait pas vraiment à avoir cette discussion à cet instant. Sur ce coup, il avait été une fois de plus, un peu trop impulsif et maladroit, à croire que c’était une habitude dès qu’elle était près de lui.

« - Je vois… » se contenta-t-il de répondre, contenant le flots de sentiments et de paroles qui l’envahissait. Il croisa néanmoins son regard et la remarque suivant le cloua sur place. Parce qu’il avait commit l’erreur de la tromper, il n’aurait pas souhaité assumer cet enfant ? Il secoua la tête prêt à répliquer vivement quand il croisa son regard et que sa dernière remarque le fit sortir de ses gonds.

« - Il me semble pourtant qu’il faut être deux pour faire un enfant… et je suis toujours ton mari. » lâcha-t-il soudainement. Croisant son regard, il la vit poser ses mains sur son ventre. « Ce bébé n’a pas à subir les désagréments de notre relation… même si tu tiens à affirmer qu’il s’agit de TON bébé… »

William semblait mal prendre les réflexions de Rose. Comment fallait elle qu'elle réagisse ? C'est lui qu'il l'avait trompé, combien de fois lui avait t'elle dit de ne pas boire et elle le détestait pour tout le mal qu'il lui avait fait. Elle n'avait plus confiance en William.

Les mains sur son ventre, elle lui précisa qu'il était bien le père de l'enfant mais que c'était son bébé. Elle voulait simplement l'élever seule, c'était sûrement trop égoïste de vouloir le séparer de son enfant.

« Ne le prends pas comme ça, Will'. Je ne te punis pas. »

Rose baissa la tête, un silence pesant s'installa entre eux puis elle croisa profondément son regard. Elle l'entendit lui dire qu'il était toujours son mari.

« On est séparés Will', et même bientôt divorcés...je me suis simplement faite à l'idée d'être mère célibataire. »

Rosemary baissa la tête, soupirant doucement.

« Je suis toujours amoureuse de toi. » murmura t'elle très lentement

Baissant la tête, émue, elle rajouta.

« Mais tu m'as trompé, William...je croyais qu'on était un couple solide, et que tu n'avais pas besoin d'aller voir ailleurs...»

Cette situation lui était insupportable et pourtant durant tous ces mois, il n’avait fait aucun geste vers elle. Cette attitude pouvait sembler puéril mais il n’avait jamais souhaité mettre la pression sur sa femme. Il voulait la voir heureuse et en la laissant s’éloigner, il avait accepter son besoin d’être seule pour y réfléchir. Mais à cette secondes alors qu’elle l’évinçait de sa grossesse et de son rôle de père, il se sentait vidé, impuissant. Que restait il de leur mariage et des sentiments qu’ils partageaient ?

« - Tu ne me punis mais tu me tiens à distance. J’ai fais une seule connerie Rose ! Une seule ! Et tu me juges comme le dernier des criminels. Ais je si peu de considération à tes yeux ? » Demanda-t-il, dévasté à l’idée que son enfant aurait la même enfance que lui, élevé par un seul et unique parent.

Le silence qui s’instaurait n’était pas serein et il n’arrivait pas à se dire qu’il ne verrait ni son enfant grandir, ni sa femme s’épanouir. C’était surement trop tard, mais il ne comptait pas laisser tomber Rose. Il l’aimait malgré son aventure. Elle était la seule à le comprendre et à lui apporter cette sérénité. Sa remarque sur le divorce le fit réagir et il planta son regard dans le sien.

« - Je ne signerais pas les papiers… pas en te sachant enceinte de moi. Tu peux faire une croix dessus. » Reprit il, un brin agacé.

Laissant son regard parcourir le corps de sa femme, il hésitait à se rapprocher et encore plus lorsque cette phrase franchit le seuil de ses lèvres. Pour lui, rien n’avait changé mais il sentait qu’elle ne voudrait rien entendre.

« - Rien a changé… » Fit il finalement en se rapprochant d’elle. « Tu m’en veux et tu ne me pardonnera pas. J’en suis conscient… mais pourquoi se déchirer alors qu’on s’aime ? »

A quelques centimètres d’elle, il leva une main en écartant quelques mèches de cheveux, son index vint caresser sa joue avant de l’obliger à relever la tête vers lui. Toutefois la phrase qu’elle formula le brisa un peu plus.

« - Notre couple peut traverser cette crise. J’ai conscience du mal que j’ai fait… Je n’ai pas besoin d’une autre femme que toi. Aucune n’a à rivaliser avec toi… parce que tu es ma femme et je t’aime. Je ne dis pas ça pour te faire plaisir… laisse nous une dernière chance… »

Elle le regarda visiblement peiné de ce qu'il se produisait entre eux. William lui demanda si elle avait un peu de considération pour lui.

« Tu sais que je t'aime ! Tu savais combien ça me détruirait de savoir que tu m'avais trompé ! Pourquoi tu m'as fait ?! » lui lança t'elle brusquement.

Parlant de divorce, elle le vit s'énerver et ajouter qu'il ne signerait jamais les papiers, surtout pas en sachant qu'elle attendait son enfant. Rosemary secoua la tête, soupirant.

« C'est toi qui complique tout, on peut reprendre le cours de notre vie sans se déchirer, Will'...c'est tout ce que je te demande. »

Rose surprit le regard de son mari sur elle, et se recula doucement.

« Arrête s'il te plaît, Will'. »

Elle le regarda se rapprocher d'elle, touchant son visage délicatement. Elle baissa les yeux, et l'entendre lui dire qu'il l'aime, et qu'aucune femme ne peut rivaliser contre elle, lui demandant une dernière chance.

« Je ne sais pas, Will'...j'ai mal, même après 9 mois. Je t'aime mais...tu m'as trompé une fois, en 9 mois, jure moi que tu n'as pas été voir ailleurs ? » croisant son regard bleuté.

Cette discussion était inévitable. L’entendre dire qu’elle l’aimait était à la fois une bouffé d’oxygène et les reproches ne tardèrent pas. Il les méritait entièrement et il ne comptait pas laisser tomber. Leur mariage traversait une crise mais rien n’était terminé entre eux. Bien au contraire. Il y avait cette incroyable attirance et il ne cachait plus son trouble lorsqu’il s’agissait de Rose. Elle était terriblement sexy même enceinte de sept mois. Ainsi il fut dérouté à sa question.

« - ça n’avait rien à voir avec mes sentiments pour toi. Et il n’y a aucune raison valable pour expliquer ce que je t’ai fait… je n’ai aucune excuse mais crois moi, ne plus t’avoir près de moi est la pire des punitions… » souffla-t-il, en faisant un rapide bilan de ses derniers mois.

Il s’emporta au mot divorce et l’avertit qu’il ne signerait pas les papiers. Le mot divorce donnait un sens irrémédiable à leur relation et il était presque sur que tout pouvait encore s’arranger entre eux. Cependant il s’attendait à une remarque de sa part.

« - Divorcer, c’est accepter de te perdre définitivement… je ne peux pas. Et il y a le bébé… j’aime croire que s’il est là, c’est la preuve que notre amour est assez fort pour qu’on traverse ça ensemble. »

Il ne cherchait pas à l’énerver ou à se disputer avec elle. Il se doutait qu’elle devait être épuisée surtout si elle était restée assise tout au long du vol sans pouvoir se dégourdir les jambes. Pourtant, il ne put la quitter des yeux. Cette grossesse lui allait à ravir. Elle n’était pas grosse comme le disait certaines personnes au cours d’une grossesse. Non c’était le contraire, Rose rayonnait et ces formes la rendaient encore plus attirante. Croisant son regard, il ne cacha pas ce sourire amusé à la remarque de sa femme. Alors qu’elle fit un pas en arrière, il se rapprocha et sa main vint délicatement courir sur son visage qu’il eut l’impression de redécouvrir pour la première fois. Respirant son parfum, il l’écouta attentivement sans pour autant se détacher d’elle. Naturellement, il vint poser son autre main sur son ventre proéminent.

« - Non Rose. Il n’y a eu personne. Pour être honnête, les rares fois où je suis sortis, c’était à des soirées de gala et j’étais escorté du groupe. Des femmes m’accostaient mais une seule m’obsédait… toi. » Murmura-t-il sincèrement, plongeant son regard dans le sien. « Tous ces mois, je n’ai fait qu’une seule chose… travailler. A chaque fois que je me retrouvais seul, je pensais à toi… au mal que je t’avais fait et à notre séparation. J’ai besoin de toi, Rose… ne nous abandonne pas… » fit il du bout des lèvres, sa voix ne devenant plus qu’un souffle presque inaudible.

Rosemary l’écoutait s’expliquer mais tout était très dur pour elle d’entendre ses explications. Elle ne savait pas comment agir face à lui, devait t’elle lui pardonner ?Baissant la tête, elle put se rendre compte qu’il était sincère envers elle. Levant les yeux vers lui, elle s’écarta doucement.

Lui parler de divorce était dans la règle des choses, ils n’allaient pas continuer comme ça éternellement…Ils étaient séparés depuis neuf mois, ils ne s’étaient pas parlés, revus depuis neuf mois…Rose aimait Will’ et devoir divorcer était la pire chose qu’elle envisageait de faire en ce moment.

« Ecoute, tu as raison sur une chose, on ne devrait pas faire ça maintenant. Je veux dire, parler de divorce, je n’ai pas la tête à ça mais je voulais que notre séparation soit concrète. »

Elle regarda Will’ se rapprocher d’elle, et poser une main sur son ventre très rond. Elle leva les yeux vers lui, alors que Rose sentit le bébé donner un coup sous la main de William.

Rose resta un moment sans bouger, alors qu’elle entendit Will’ lui dire qu’il ne la pas tromper et qu’il n’y avait qu’elle qui l’obsédait sans cesse.

Elle voyait son mari désespéré et ça lui fendait le cœur. Est-ce que neuf mois sans nouvelles, ni appels de sa femme était une punition suffisante ? Elle glissa une main sur sa joue, puis glissa ses doigts le long de ses lèvres. Rose avait toujours été amoureuse de Will’, elle l’aimait c’était indéniable mais elle ne savait pas si elle pouvait lui pardonner sa trahison.

« Je ne sais pas…je suis partie pour mieux comprendre comment gérer notre situation et je reviens, on en est toujours au même stade…Je sais que tu as mal, je ressens ta douleur mais je te fais plus confiance, Will’ … »

La première véritable crise en trois ans de mariage. Y avait-il réellement besoin d’en arriver à l’issue d’un divorce ? Il n’envisageait pas cette possibilité comme une solution à leur problème. Combien de couple avait vécu la même chose ? Ils n’étaient en aucun cas différents de ces autres couples. Mais ensemble, ils pouvaient encore trouver une solution qui les satisferait tous les deux. Il n’avait pas vécu comme un moine depuis neuf mois pour rien. Leur séparation l’avait incité à réfléchir et il était prêt à faire des efforts pour elle. Leurs emplois leurs prenaient beaucoup de temps à tous les deux mais il était optimiste. Sans compter le bébé qui serait un élément déterminant dans leur couple. Dans son regard il lisait encore cette souffrance qu’il lui avait infligé et son indécision face à la situation. Il hocha la tête à sa remarque sur le divorce avant d’ajouter à voix basse.

« - Dans ce cas, parle moi de vous deux, de ton stage en Italie… à moins que tu ne sois trop fatiguée par le voyage. Je le comprendrais très bien… sans parler de présence dérangeante… »

Il était poussé vers elle. Une force invisible, son amour pour elle, mêlé à cette attirance, il ne parvenait à rester à moins de dix mètres d’elle. Malgré sa remarque sur le fait qu’il laissait courir ce regard sur son corps, il n’y fit pas attention. Rose avait toujours été belle, sensuelle et cette grossesse ne la mettait qu’encore plus en valeur. Elle qui d’habitude répondait toujours instantanément à ses baisers et caresses, il se demanda qu’elle serait sa réaction s’il laissait à nouveau courir ses doigts sur sa peau. La passion prendait elle le pas sur sa raison ? Car il savait qu’elle voudrait se tenir à distance de lui.

Pourtant à l’instant où il posa sa main sur son ventre, elle ne bougea pas. Son regard plongé dans le sien, cette lueur qu’il avait aperçu pour la première fois dans la pharmacie vint le frapper de plein fouet. Un sourire apparut alors sur ses traits aux petits coups donné par le bébé. C’était sa famille. Rose, le bébé et lui. Réunis. Une famille. La sienne. Il comprit dès lors que sa vie ne se résumerait plus à son travail ou à son couple mais également à cet enfant qui grandissait dans le ventre de sa femme. Une bouffée de bien être le parcourut à la sensation de la main de Rose sur sa joue. Il redécouvrait cette fragilité et cette attirance redoublait. Elle l’aimait et chaque geste chez elle le révélait.

« - Le pardon se mérite… et je ne te le demande pas, parce que ça serait absurde que tu y parviennes maintenant. Tu as d’autres préoccupations pour l’instant… comme ce petit bout de nous deux. » Souffla-t-il en savourant le contact de sa main. « On pourrait se concentrer sur lui… ou elle, à moins que ce soit les deux ! » releva-t-il avec plus de légèreté. « Rose, cet enfant ne rendra que plus solide notre couple. Tu n’as plus confiance en moi… et j’en suis le seul fautif, mais je ferais tout pour être cet homme qui te rendait heureuse et qui te faisait rire… »

Son regard dans le vide, elle savait qu’elle lui faisait du mal mais il fallait qu’elle lui parle de séparation, de divorce…c’était primordiale car elle n’était pas prête à lui pardonner. William lui demanda de lui parler de son voyage, de l’Italie mais qu’il ne veut pas se montrer trop dérangeant.

« Tu ne me déranges pas Will’, je peux supporter que tu sois là. »

Rose s’écarta de lui, elle écouta William lui dire qu’ils devraient se concentrer sur le bébé, et qu’il espère que l’enfant renforcera leur couple mais qu’il ferait tout pour redevenir l’homme qu’elle a épousé. Perdue dans ses pensées, elle croisa enfin son regard, passant une main dans ses cheveux, elle glissa l’autre main sur son ventre rond. Sentant des larmes lui venir, elle baissa la tête.

« J’ai essayé pendant neuf mois d’oublier ce que tu avais fait mais je n’y arrive pas ! Puis tu m’as pas parlé de cette fille, je ne sais pas qui elle est !! »

Croisant les bras, Rose marqua une pose avant de croiser son regard. Elle n’aimait pas être jalouse, mais elle en avait toutes les raisons.

« Tu l’aimes ? Elle est belle ? si tu as couché avec elle c’est qu’il y avait une raison non ?! » cria t’elle presque.

Les larmes coulaient très doucement sur son visage, elle revenait et il l’a faisait pleurer dès le premier jour ou ils se revoyaient.

Planté à quelques pas d’elle, il avait réfléchi à cette discussion pendant des mois. Rien ne se déroulait comme il le souhaitait. Les mots de Rose étaient emplit de fatigue, de colère et d’une souffrance intense. Le mal qu’il lui avait fait, il savait qu’elle ne lui pardonnerait pas. Après neuf mois de séparation, il avait osé songer que leur couple trouverait peut être un nouveau départ mais en la voyant, il comprit qu’elle ne laisserait pas une telle chose arriver. Toutefois, il ne la crut qu’à moitié en lorsqu’elle ajouta pouvoir supporter sa présence.

« - J’ai jamais souhaité te faire souffrir… mais si ma présence te rend trop malheureuse, je m’effacerais… » Souffla-t-il en cherchant toujours dans son regard, un infime indice qui pourrait renverser la situation. Tout ce qu’il désirait se trouvait en face de lui mais sans son amour, il n’était plus sur de rien.

Il fit alors une nouvelle tentative en lui expliquant que le bébé était peut être justement là pour renforcer leur couple et que c’était une bonne chose. Rose ne montrait que rarement sa fragilité et ses larmes apparaissant sur son visage, il ne sut si elle provenait de la douleur qu’il avait causé ou si c’était du aux hormones. Il voulut se rapprocher mais cette lueur incrusté dans le regard de Rose l’en empêcha alors qu’elle lui demandait qui était cette fille et s’il l’aimait. Ses larmes roulaient sur son visage et une nouvelle déchirure le traversait comme s’il était sur le point de tout perdre. Mais n’était ce pas le cas ? En couchant avec cette fille, n’avait il pas déjà perdue Rose, bien qu’enceinte de lui ?

« - Non… Non chérie… » Souffla-t-il, ayant finalement le courage de faire face à la douleur de l’instant. Il fit quelque pas vers elle, en prenant une lente inspiration. « Connaître son identité changera quelque chose ?… et non, je ne l’aime pas. Tu ne me fais plus confiance, tu doutes de moi et je le comprends… mais depuis qu’on se connaît est ce que je t’ai fais tu mal ? est ce que j’ai commis d’autres erreurs ? Oui, celle là est énorme… mais tu crois sincèrement que je ne le regrette pas ? que je n’ai pas de remords ? Honnêtement je préfèrerais ressentir ta douleur plutôt que de me demander toutes les cinq minutes si en te laissant prendre le large, j’ai pas commit l’ultime erreur qui mènerais à la fin de notre mariage. » confia-t-il sans la quitter des yeux. Il avait commit une erreur et il était prêt à en assumer le prix, mais pas au détriment de leur mariage, car s’il avait grandit dans une famille où l’amour était presque inexistant, du moins du coté de son père. Il n’envisageait pas que le sien se déroule de la même façon. « J’ai commis une erreur… mais notre enfant n’a pas à en souffrir. Laisse-moi une chance Rose. Une dernière… c’est tout ce que je souhaite… toi, moi et notre bébé… Aucune n’aura jamais cette place privilégié que tu as dans ma vie. Tu as mon amour, ma vie, mon corps… et toute mon âme… » Parvint il à murmurer tandis que spontanément ses doigts venaient frôler la joue de Rose, effaçant chaque larme qui se déversait sur son visage par la faute du musicien.

Rosemary savait que si elle demandait à Will’ de partir, il partirait. Mais elle n’avait pas envie de le mettre à la rue, enfin, c’était leur maison et aucun d’entre eux n’avait à partir. Mais Rose s’interrogeait sur cette femme, elle avait besoin de connaitre la femme qui avait couché avec son mari, c’était primordiale pour elle mais évidemment, elle se doutait que William ne lui dirait rien. C’était inévitable. Et évidemment, elle eut raison.
Il lui demanda si l’identité de cette femme changerait quelque chose. Il regrettait, elle le savait mais Rose n’y arrivait pas. L’enfant n’a pas à souffrir de son erreur et elle était d’accord avec lui. Le regardant se rapprocher de lui, elle avait les larmes aux yeux. Rose ferma les yeux alors que William lui souffla qu’elle était toute sa vie, et son âme. Sentant une main sur sa joue, elle croisa profondément le regard de William. Elle lui souffla alors.

« Tu ne comprends pas que toute ma vie je me demanderais pourquoi ?! et si tu m’aimes tant, pourquoi tu m’as trompé ? »

Elle resta un instant silencieuse, face à lui. Rose poussa un petit rire exaspérée.

« Tu vois, tu ne sais même pas quoi me répondre. Et toi-même tu ne sais pas pourquoi tu as fait ça ! Je ne peux pas partager ma vie avec un homme infidèle. »

Rose pleurait désormais, elle se rapprocha de Will’.

« Tu es le père de mon bébé, je t’aimerais toujours mais toi et moi, ça ne rime plus à rien. »

Elle baissa la tête alors que son regard erra dans la pièce. « Je sais que tu veux veiller sur moi, spécialement maintenant, on pourrait continuer à vivre ici tous les deux, jusqu’à ce que j’accouche… »

Il ne voulait pas en arriver là avec elle. Bien évidemment qu’il regrettait. Cette fille, il ne l’avait jamais revu et il ne comptait avoir d’autres femme dans sa vie. La raison de cette aventure ? y en avait il une ? Il n’en savait rien lui-même. Les souvenirs étaient flous. Il se rappelait être allé à une soirée et avoir bu plusieurs verres. A partir de là tout était confus mais il se rappelait du visage de la jeune femme. En lui révélant son prénom, il se doutait que Rose voulait quelqu’un à détester pour passer sa haine et sa colère. Mais il n’était pas sûr que ça en vaille le coup. Depuis cette nuit, il avait repensé à leur mariage et il refusait de perdre Rose à cause d’une bêtise. Trois années de mariage qui partirait en fumée à leur première grosse dispute ? Il était tout près d’elle, effaçant une à une ses larmes qui roulait sur son visage, sans la quitter des yeux et savourant son contact encore une fois. Neuf mois sans elle, son quotidien s’était avéré très difficile à supporter. Les nuits, lorsqu’il rentrait, le silence le rendait fou et le jour, il était tellement fatigué qu’il dormait une partie de la journée. Mais là, face à elle, n’ayant pas dormi depuis plus de vingt quatre heure, il trouvait encore la force de rester éveiller. Les remarques de Rose lui faisait mal parce qu’elle avait raison et il en était conscient. Mais que pouvait-il faire de plus ?

« - Je ne suis pas l’un d’entre eux… C’est arrivé, une seule et unique fois. Et je te l’ai avoué Rose… le véritable infidèle ne l’aurait pas fait… »

Il n’avait jamais voulut lui faire du mal, mais l’honnêteté avait toujours primé dans leur mariage et même s’il la perdait, il voulait qu’elle garde quand même un bon souvenir de lui. Car à cet instant, il ne savait toujours pas de ce qu’il adviendrait de leur relation. Il espérait évidemment mais avec Rose, il avait apprit la prudence.
Tout près d’elle, ses mots le touchaient et s’il n’était pas aussi angoissé quand à l’issue de leur discussion, il la prendrait dans ses bras pour la porter jusque dans leur lit. Mais ça n’était pas raisonnable. Il se contenta alors de dégager sa mèche de cheveux qui tombait sur son front, derrière son oreille.

« - C’est ce que tu veux croire, chérie… mais je te prouverais que tu as tors. Toi et moi, c’est écrit. Chaque jour depuis que je te connais, je me remémore le premier regard que tu m’as adressé… dans la pharmacie. Et chaque jour, c’est ce regard qui me convainc que notre histoire ne peut pas se terminer comme ça… je t’aime Rosemary Sissi Brynn Silver… » Finit il en laissant ses doigts errer sur sa joue, sa mâchoires puis ses lèvres.

Elle en profita alors pour ses dégager doucement. Cette attirance entre eux était sans fin et il le savait. Il ne l’avait pas trompé parce qu’il était malheureux. Non, c’était arrivé sans même qu’il s’en rende compte. Elle n’avait pas voulu l’accompagné et aujourd’hui, ce fossé se creusait entre eux. Il l’entendit lui proposer de rester habiter ensemble.

« - Tu es sur que c’est une bonne idée ? » souffla-t-il. Il se connaissait, en la sachant dans la chambre voisine, il ne pourrait pas rester allongé et dormir. Il aurait besoin de la voir, de la sentir près de lui et de la toucher. Il grimaça légèrement et reprit simplement. « Ne compte pas sur moi, pour te laisser toute seule après l’accouchement avec un nouveau né sur les bras qui réclamera à manger toutes les quatre heures. Tu auras besoin de repos… et assumer ça toute seule, c’est de la folie pure. Je ne quitterais pas la maison Rose. Tu vas devoir te faire une raison… »

William essayait de lui dire que ça n’était arrivé une seule fois et qu’il lui avoué sa faute. Baissant la tête, elle croisa profondément son regard, perdue. Elle voulait le croire lorsqu’il lui disait que ça n’arriverait plus jamais mais c’était difficile pour elle car elle ne supportait pas de le voir avec une autre femme sans avoir peur.

Rosemary lui expliqua cependant qu’elle refusait de partager sa vie avec un homme infidèle et que c’était fini entre eux. Mais visiblement, William ne l’entendait pas de cette oreille, il ajouta que leur histoire était écrite et lorsqu’elle l’entendit murmurer ses noms en entier, elle lui sourit faiblement. Il était le seul à faire ça et ça la faisait sourire.

Elle lui proposa alors de continuer à vivre ici, avec elle jusqu’à l’accouchement mais il s’empressa de rajouter qu’il ne la laisserait pas seule avec un tout petit bébé. C’est alors que très catégoriquement, William lui lança qu’il ne quittera jamais cette maison.

« Si tu ne pars pas, c’est moi qui partirait, William. Ecoute, je peux supporter que tu sois là, je te l’ai dit. »

Elle croisa son regard, puis ajouta doucement, un peu gênée.

« Il faudra juste qu’un de nous deux change de chambre. Mais je pense qu’on peut y arriver, sans pour le moins qu’on empiète sur le territoire de l’autre. » dit’elle doucement sans vouloir le blesser.

Au fil des semaines, des mois, puis des années, il avait apprit à lire en elle. Son caractère enjouée, cette façon qu’elle avait de se fasciner pour des choses abstraite aux yeux des autres mais qui pouvait se révéler importante un fois remit dans son contexte, c’était une des qualités qui avait toujours plus à Will. Il adorait la voir travailler. Combien de fois l’avait il espionner pendant qu’elle travaillait, un appareil à la main. Etrangement, il aimait feuilleter des magazine et dire « vous voyez ça ? C’est ma femme qui a prit la photo ! » il était fier d’elle, de son travail et de sa détermination à percer dans ce monde si difficile pour une femme. Il l’aimait entièrement. Aucune femme ne pourrait la détrôner car elle possède ce qu’il a toujours recherché chez une femme. Un caractère affirmé, une douceur à fleur de peau et une spontanéité naturelle. Mais aujourd’hui, il semblerait que si lui la voit toujours ainsi, son point de vue à elle avait changé. Il ne pouvait pas quitter cette maison en la laissant avec leur bébé ! Elle ne comprenait pas ou avait elle oublié ? Elle trouvait le moyen de faire ressortir son agacement avec une seule remarque et il ne voulait déclencher une dispute maintenant. Il se contenta alors d’ajouter simplement en essayant de contenir cette colère malgré le muscle qui tressautait dans sa mâchoire.

« - Donc tu considères qu’il vaut mieux qu’on soit séparé voir même divorcé au moment de la naissance ? Je refuse que notre enfant traverse ce que j’ai vécu. Il n’a pas à être balloté entre deux foyers… et ça changera quoi que je parte ? En neuf mois, on n’a pas réussi à éclaircir la situation… tu penses alors qu’en habitant à quelques kilomètres l’un de l’autre, on s’en sortira mieux ? »

Croisant alors son regard, il déglutit difficilement à ses mots. C’était trop pour lui. Elle mettait un terme à leur relation et ça, il ne le supportait pas. Il ferma les yeux.

« - J’arrive pas à croire qu’on est en train de parler de ça… » marmonna-t-il pour lui-même. « Rose. Tu sais que c’est inenvisageable pour moi, si on est sous le même toit… empiéter sur le territoire de l’autre ? tu te moque de moi ?! » Explosa-t-il avec un rire nerveux dans la gorge. « On est marié depuis trois ans ! Tu penses qu’à ce stade, on en est rendu à ‘un territoire’ ?! Je ne t’ai jamais rien caché et maintenant on devra avoir des petits secrets l’un pour l’autre ? On doit redevenir distant et pourquoi pas des inconnus tant qu’on y est ! Tu fais une énorme erreur Rose… je ne peux pas te laisser faire une chose pareille. Tu pars neuf fois, tu reviens, tu m’écarte de ta vie et de celle de notre enfant… après tu me demande de quitter la maison et après ça sera le divorce, puis pour finir, je devrais sortir définitivement de ta vie ? Tu crois pas que ça fait beaucoup d’un coup ?! Tu vas beaucoup trop vite. Je ne suis pas prêt à abandonner tout ce auquel je crois depuis des années… toi, moi et notre famille… »

Visiblement, William ne voulait rien entendre, il était triste de voir que Rose souhaitait lui échapper. Il refuse que l’enfant se partage entre deux foyers et demande à Rose si elle souhaite alors être divorcée au moment de l’accouchement. Secouant la tête, soupirant, elle ajouta rapidement.

« Ca n’est pas ce que j’ai dit William ! Ecoute, je sais que tu veux être présent pour moi et le bébé et je l’ai bien comprit mais tu dois aussi comprendre qu’il n’y a plus de nous ! »

Agacée, elle ne savait pas quoi dire. Il ajouta que ce serait d’autant plus difficile s’ils habitaient l’un à côté de l’autre.
« Tu veux quoi ? Que je parte vivre en Europe définitivement. Ma vie est ici, à San Francisco. Et la tienne aussi, William. On va avoir un enfant ensemble et je pense qu’il faut qu’on pense d’avoir à lui. La solution est qu’il soit prêt de ses deux parents. »

Se rapprochant de lui, elle ajouta doucement.

« Je sais que ça ne te plaît pas, mais, il vaut bien mieux que le bébé soit proche de ses parents même s’ils sont divorcés, ou autre…On pourra rester amis. » essaya t’elle de se convaincre.

Rose baissa la tête, croisant le regard de William. Elle regarda William s’énerver, il lui lança qu’il n’avait jamais eu aucun secret pour elle et que désormais il devrait en avoir, ajoutant qu’elle allait trop vite et qu’il n’est pas prêt à tout abandonner. Révoltée, elle lui lança un regard rempli de colère.

« A qui la faute, bon sang ?!! C’est toi, uniquement toi, qui a tout gâcher ! et tu devras l’expliquer à notre enfant ! Tu n’as rien à me dire, c’est toi qui m’a perdu, c’est toi qui m’a forcé à quitter cette ville. »

Rosemary, furieuse, tenta de se calmer posant une main sur son ventre alors que le bébé s’agitait bien fort.

« Ecoute William, je peux supporter que tu vives ici, ça ne me dérange pas. Mais il va falloir que tu acceptes que j’ai une autre vie, sans toi maintenant. »

Il ne pensait pas s’énerver en la revoyant mais son discours le mettait hors de lui. Depuis qu’elle avait prononcé le mot divorce, il se sentait déchiré en deux. Était-il le seul à ressentir cette douleur si intense et dévastatrice au fond de lui ? Plus la conversation se poursuivait, plus il songeait qu’il aurait du disparaître sous terre. Ainsi, il ne connaitrait pas cette souffrance atroce.

« - Il y a toujours eu un nous… on ne peut pas tirer un trait comme ça. Je ne peux pas… »

Il ne parvenait pas à se dire qu’il devrait vivre avec elle, sans que plus rien ne soit tolérable entre eux. Pour lui, il était évident qu’il serait incapable de se tenir à distance. Bien sur qu’il la connaissait et qu’elle saurait se tenir à ses propos et qu’elle mettrait cette distance entre eux mais lui, rien que l’idée le rendait fou. Ses mots le blessèrent. Il ne souhaitait en aucun la voir repartir mais vivre si près d’elle en devant faire comme s’ils n’étaient rien d’autre que des amis, le torturait déjà.

« - Bien sur que le bébé va avoir besoin de nous deux et qu’il passe en premier… mais j’en suis toujours à réaliser que je vais être papa. Tu as eu plus de sept mois pour te faire à cette idée… moi, ça fait à peine dix minutes… alors tu me parles de vivre sous le même toit, sans qu’on ne soit plus du tout un couple… » Soupira-t-il en se pinçant nerveusement l’arête du nez.

Prenant une lente inspiration il la vit se rapprocher. Elle était dangereusement trop proche. Avait elle oublié qu’il avait tendance à plutôt écouté sa passion pour elle, plutôt que sa raison ? Il l’écouta néanmoins jusqu’au bout sans l’interrompre.

« - Tu n’y crois pas toi-même, chérie… » Fit il en rivant son regard. « Comment on pourrait être de simples après un mariage ? Excuse-moi, mais ceux qui parviennent à oser dire ça, ne sont que des hypocrites… ces personnes précises que tu as en horreur… » Lui rappela-t-il doucement

Bien sur qu’il voulait le bien être de son enfant mais vivre sous le même toi que Rose, sans pouvoir la toucher, c’était au-delà de ses forces. Il avait besoin d’elle. N’était elle pas celle qui l’adoucissait et qui le calmait lorsqu’il s’énervait ? Comment pourrait-il retrouver sa sérénité si elle instaurait cette barrière entre eux ? Il détestait son idée et il comptait bien lui faire comprendre. Cependant, il s’emporta à son tour et il ne fallut pas longtemps pour qu’il entende en retour la colère de Rose. C’était la première fois qu’elle lui criait dessus vraiment. Il avait mal et en même, il méritait cette colère. Elle n’était jamais sortie, même avant son départ.

« - tu crois que je n’en suis pas conscient ? que ça ne me pèse pas sur la conscience ? si je le pouvais je reviendrais en arrière… T’es à peine rentrée qu’on se dispute déjà à propos du bébé. » Soupira-t-il à bout de force avant de se laisser tomber sur le sofa.

Son manque de sommeil, sa fatigue des derniers jours et son allure des plus négligé ne laissait aucun doute à son état mental, il était loin d’être bien dans sa peau. Il leva néanmoins les yeux vers elle qui posait sa main sur son ventre. Il agissait comme un gamin égoïste. Appuyant ses coudes sur ses cuisses, il plongea sa tête dans ses mains de longues secondes lorsqu’il entendit sa dernière phrase, qui l’acheva sur place. Il avait toujours voulu être un bon mari et espérait être un bon père mais à cet instant, il prenait conscience qu’il ne serait surement aucun des deux.

« - ça fait neuf mois qu’on est séparé… et sans toi, ma vie est vide de sens. Je suis en train de devenir la personne que je déteste le plus au monde, mon père. Je vais devenir froid, distant et obnubilé par des futilités au lieu de l’essentiel, toi, nous et notre bébé… » Murmura-t-il. « J’oubliais, il n’y a plus de nous ! » fit il avec ses doigts pour symboliser les guillemets. « Je suis persuadé qu’on peut s’en sortir Rose… Je comprends que tu ais peur que je recommence ou même que j’y songe… mais ça ne sera pas le cas. Pour toi, pour notre famille, je ferais des efforts… je serais présent… » Souffla-t-il, tout en sachant que sa décision était prise. En levant les yeux vers elle, il savait que c’était déjà trop tard. Elle ne reviendrait pas sur cette décision, elle ne changerait pas d’avis, même si lui il rêvait de n’entendre que ça. Il soupira et ferma les yeux avant de s’adosser au sofa. « Je perds mon temps à essayer de te convaincre alors que tu avais prit ta décision avant même de passer la porte… » réalisa-t-il sans pour autant la lâcher des yeux. « Toutes mes excuses et mes efforts ne changeront rien, c’est ça ? »

Croisant les bras contre sa poitrine, elle ferma les yeux lorsqu’elle l’entendit lui dire qu’ils avaient toujours été tous les deux, et qu’il n’arriverait pas à tirer un trait comme ça. Rosemary savait qu’elle avait eu de la chance de tomber sur un homme tel que William. Il était vraiment charmant avec elle depuis le début de leur rencontre, il était attentionné et la couvrait de cadeaux ou d’attentions particulières. Ils n’avaient jamais été un couple routinier. Si un jour, ils se levaient en ayant envie de partir en vacances au bout du monde, ils le faisaient dans les heures qui suivaient. Ils vivaient au jour le jour et ils étaient amoureux.

C’est sans doute pour cela que Rose avait du mal à se rendre compte qu’elle avait tout perdu. Elle baissa la tête le laissant s’exprimer sur la situation.

William ajouta qu’il avait besoin d’elle dans sa vie, et qu’il ne veut pas devenir comme son père. Rose se rapprocha de lui, posant une main sur la sienne.

« Arrête, tu n’es pas comme ton père, tu le sais. Et tu ne deviendras pas comme lui parce que maintenant, tu vas avoir un enfant. Je suis sûre que ce bébé sera la meilleure chose qu’on aura faite ensemble. » lui adressa t’elle avec un tout petit sourire.

Il marquait une pose et lui dit que de toute façon, toutes ses excuses ne changeront rien à sa décision. Rose baissa la tête.

« Je suis désolée. Mais je te veux dans ma vie, je ne passerais pas dans la rue en t’ignorant. Jamais je ne ferais ça. Je ne te déteste pas, William. Ca n’est pas parce que notre mariage est fini qu’on peut ne pas être amis. J’aimerais que tu essayes au moins, et je tiens vraiment à ce que tu restes ici. L’un de nous deux va devoir partir et se trouver un nouveau logement alors… »

Rosemary leva les yeux vers William.

Par le passé, il lui avait montré à maintes reprises son amour pour elle. Avait-elle oublié leurs voyages à l’autre bout du pays en voiture au lieu de prendre l’avion ? Ne gardait-elle plus aucuns souvenirs de ses moments où ils étaient juste tous les deux ? Ne se souvenait elle pas de sa promesse de toujours veiller sur elle ? Il ne voulait pas la perdre et l’entendre mettre un terme à leur mariage le terrassait. Cependant, il pensait au bébé et à leur séparation. Pour le bien de son enfant, il prendrait ses distance mais il savait déjà que ses sentiments pour Rose ne rendrait que la situation encore plus complexe, parce qu’il ne serait jamais heureux en restant loin d’elle. Son cœur lui appartenait et cette erreur, il la paierait toute sa vie. Car elle ne lui pardonnerait jamais.

Ainsi à sa proposition, il ne lui fallut guère de temps pour réaliser qu’il devenait comme son père. Il négligeait sa femme, il divorcerait pour se remarier avec une femme plus jeune et il en oublierait son bébé. Il s’était promit de ne jamais devenir comme lui, mais chaque seconde qui passait ne rendait cette sensation que plus réelle. Il sentit alors la main de sa femme, se poser sur la sienne et à son tour son regard se posa sur leurs doigts qui s’enlaçaient. Il releva les yeux vers elle.

« - Faire un enfant, ça n’a rien de difficile… Tu sais que je t’aime. Je t’aime plus que n’importe qui ici mais ça… devoir me séparer de vous deux. Tu ne te rends pas compte de ce que c’est pour moi. Je nous voyais heureux et élever nos enfants ensemble dans cette maison. Je n’ai jamais voulu te faire du mal… jamais… » Baissa-t-il la tête en levant leurs mains à ses lèvres. « Tu me manques Rose… à chaque seconde… »

Il marqua alors une pause avant de lentement réaliser que peu importe le choix de ses mots et son désir de la convaincre de son erreur, Rose avait prit sa décision depuis longtemps. Cette réalité était amère et cruelle mais il allait devoir s’endurcir et cohabiter avec elle. Il reconnut alors sans mal la douceur de Rose. Elle essayait de l’amener en douceur vers une discussion qui s’avérerait importante. Elle avait toujours fait ce qu’elle voulait de lui. Il était amoureux d’elle depuis le premier jour et aujourd’hui son retour rendait la situation encore plus cruelle, car il rêvait de l’avoir dans ses bras et qu’elle sache combien il l’aimait mais ça n’arriverait pas. Il ne le savait que trop.

« - Accepter que je t’ai perdu… je sais que c’est de ma faute… mais je ne suis pas sûr d’y parvenir un jour… » Murmura-t-il en plongeant son regard dans le sien, alors qu’elle lui demandait d’essayer de nouer cette relation d’amitié malgré la fin de leur mariage. « Je ferais des efforts… tu garderas la maison, je préfère. Tu seras en sécurité. Toi et le bébé. Tu sais que c’est important pour moi. Je ne supporterais pas qu’un drame vous arrive… et je ferais ce que tu voudras, uniquement parce que je t’aime… je vous aime tous les deux… » Finit il en libérant sa main pour la poser sur le ventre de sa femme, ému. « Tu connais le sexe du bébé ? » demanda Will tout bas.

Assis tous les deux sur le canapé, Rosemary croisa le regard de William, elle l’entendait lui dire qu’il l’aimait, le bébé et elle, ça la faisait sourire car elle savait déjà tout ça. Il ajouta qu’il n’avait jamais voulu lui faire de mal, elle baissa les yeux, caressant doucement son ventre alors qu’elle sentit les doigts de William sur ses lèvres. Elle croisa son regard intensément, alors qu’un silence pesa entre eux.

« Ne me touches pas comme ça, Will’. » murmura t’elle doucement.
Il enchaîna sur le fait qu’il voulait qu’elle garde la maison avec le bébé, elle apprécie son geste et lui adressa un léger sourire de remerciement.

Soufflant doucement, elle se détendit peu à peu, Rose sentit la main de Will’ sur son ventre, elle sourit en croisant son regard. Il la questionnait alors sur le sexe du bébé.

« Je n’ai pas voulu le savoir lors de ma dernière échographie. Je veux dire, par respect envers toi, je me suis dis que c’était quelque chose qu’on devait apprendre ensemble. »

Tout près d’elle, il profitait de cet instant. La colère s’était dissipée pour laisser place à un peu de douceur. Il n’avait jamais caché son affection pour elle, et ça depuis le premier jour. Si au début de leur rencontre, il avait été embarrassé, il se souviendrait pour toujours le choc qu’il avait reçut la première fois qu’il avait croisé son regard et tout c’était fait naturellement. Surement trop vite mais il n’avait jamais regretté de l’avoir faite rentrée dans sa vie. Car sans elle sa vie n’avait que peu d’importance. Assis à ses cotés, ses doigts se baladaient sur son visage dans le but de graver cet instant pour toujours dans son esprit, le grain souple de sa peau, sa chaleur, cette douceur, son parfum. A présent, il considérait chaque instant comme le dernier mais le murmure de Rose, le fit revenir à la réalité.

« - Je ne suis pas désolé… parce que chacun de tes regards me prouvent que tu suis plutôt ta raison que ton cœur… et nos cœurs ne se sépareront pas comme ça. J’aurais toujours besoin du tien pour vivre… c’est juste une question de temps pour qu’on se retrouve… » souffla-t-il en croisant son regard.

Son bien être, celui de son enfant, c’était à présent ce qu’il devait garder en tête. Il serait présent pour son bébé et il l’élèverait mais il sera partagé entre deux foyers. Ça n’est pas son vœu mais celui de Rose. Par amour et parce qu’elle pourrait partir encore plus loin de lui, alors il songeait à accepter sa proposition. Il partirait après son accouchement. Pas au bout du pays mais dans un appartement à quelques rues d’ici. Car il ne pouvait rester bien loin d’eux deux, même si Rose savait parfaitement se défendre. Il distingua alors un très mince sourire sur son visage et il en vint à poser sa main sur son ventre, la questionnant sur le bébé. Il fut alors envahit par une émotion nouvelle, à la fois soulagée et ravit qu’elle veuille qu’il participe à sa grossesse. Il lui adressa alors un sourire plein d’affection et croisant son regard, il ajouta tout bas. « Merci..Je serais là… pour les examens, l’accouchement… je t’aiderais… enfin, je ferais tout pour que tu te sentes bien. C’est notre bébé… notre famille. Tout ce qui compte c’est que vous alliez bien… je vais m’occupez de vous deux, de la chambre… » se lança-t-il précipitamment avant de sentir des petits coups sous sa main. Un sourire naquit alors sur son visage et il releva les yeux vers elle. « Tu va être une incroyable maman, j’en suis sûr… »

Rose leva les yeux vers William lorsqu'elle l'entendit dire que leurs coeurs ne se sépareront jamais comme ça et qu'il sait qu'ils se retrouveront bientôt. Elle baissa la tête avant d'ajouter.

« S'il te plaît, ne recommences pas. Je ne veux pas parler de ça. » murmura t'elle doucement.

Rosemary lui annonca alors qu'elle l'attendait pour découvrir le sexe du bébé, il semblait apprécier ça mais elle n'aurait jamais pu le savoir avant lui, c'était son bébé qu'elle attendait. Elle sentit la main de William glisser sur son ventre alors qu'il ajouta qu'il sera présent pour le bébé, pour sa famille et qu'il va même s'occuper de la chambre du bébé. Cela la fit sourire, il avait toujours été attentionné, et le fait qu'il veuille prendre soin d'eux, elle appréciait ça. Leurs regards se croisaient, alors qu'elle entendit de sa part qu'elle fera une bonne mère.

Elle sourit doucement, convaincue de ce qu'il disait. Elle avait toujours voulu un enfant, Rose croisa le regard de Will' acquiessant.
« Mais tu feras un bon père aussi, William. Même si on fait des erreurs, je suis persuadée qu'on aimera cet enfant plus que tout. »
Rose se leva doucement, puis fit part d'une idée à William.

« Tu sais, j'avais pensé faire quelque chose pour le bébé. Je veux dire, quand j'étais en Italie j'ai commencé toute une série de photos que j'avais dans nos albums pour en faire un, pour lui. Ma mère en avait fait un pour moi, du fait que je n'ai jamais connu mon père, mais j'ai pensé que ce serait une bonne idée de le faire pour le bébé. » s'empressa t'elle de dire souriant de son idée.

Elle croisa alors intensément le regard de William en souriant naturellement.

« T'inquiètes pas, je ne te pourchasserais pas avec mon appareil. On a tout pleins de photos que j'ai déjà faite, mais je pensais que tu voudrais faire l'album avec moi. »

A l’instant ou ses mots avaient franchit ses lèvres, il savait qu’elle trouverait le moyen de repousser cette conversion. Il ne lui en voulait pas. Après tout c’était légitime mais il aurait aimé pouvoir la convaincre que cette séparation serait un gros dilemme. Il ne pourrait plus profiter d’elle comme un mari le faisait, ils n’auraient plus cette relation de complicité. Ils n’auraient plus de relation de couple. Alors l’entendre lui dire qu’ils pourraient être amis, avait tendance à le mettre un peu sur les nerfs. Ainsi à sa remarque, il n’ajouta rien mais ne s’empêcha pas pour autant de la regarder avec intensité.

Il l’écouta paisiblement lui parler du bébé, de sa grossesse tandis qu’à son tour, il ajouta qu’il s’occuperait de la chambre et des travaux. William n’était pas forcément quelqu’un de manuel mais il était un minimum bricoleur. Et ça n’était pas une chambre d’enfant qui viendrait à bout de lui. La chambre de son bébé, qui plus est. Il eut alors l’occasion de croiser son sourire. Un sourire pour lui. Il était ravit qu’entre eux la colère ce soit dissipé pour laisser place à une sorte de sérénité. Elle vint alors lui retourner son compliment. U n sourire s’immisça sur son visage et il vint river son regard au sien, l’écoutant jusqu’au bout.

« - Ce bébé… c’est aussi une façon d’être ensemble… même si je te cache pas que j’aimerais qu’on l’élève sous le même toit. J’accepterais tes conditions… même si je ne serais jamais entièrement d’accord avec toi… »

Souffla-t-il quand même un brin amer, de la nouvelle de leur séparation.

C’est alors qu’il la regarda se lever avant de se tourner vers lui, en lui faisant part d’une idée qui avait germé dans son esprit lors de son séjour en Italie. L’écoutant attentivement, l’idée était plutôt excellente mais lorsqu’elle commença à parler de photos d’eux. Il haussa un sourcil. Il n’avait jamais été fan de photo et surtout lorsqu’il était dessus. Elle trouva néanmoins le moyen de le détendre avec l’une de ses remarques de son cru. Il ne put alors retenir un sourire puis leva son regard dans le sien, où il plongea dans un océan azur qu’il avait l’impression de redécouvrir après tous ces mois loin d’elle.

« - Je suis d’accord, tant que je ne suis pas la cible de ton appareil photo… »

murmura-t-il avec un petit sourire.

« Ton idée est excellente… plus tard, il aura l’impression de mieux nous connaître… et c’est une chose qu’on peut faire ensemble… »

finit il tout bas, se perdant un bref instant dans ses réflexions.

« Quand a lieu ton prochain rendez vous chez le médecin ? »

songea-t-il soudainement en croisant son regard.

Les bras croisés, face à lui, elle l'entendit lui redire qu'il n'était pas d'accord avec toutes ses décisions sur leur couple. Elle se doutait que c'était difficile pour lui et qu'il voudrait éléver cet enfant avec elle, avoir une vraie vie de famille, mais c'était impossible pour elle, du moins aujourd'hui.

Elle lui fit part alors d'une idée qu'elle eut pour le bébé. William semblait l'aimer, échangeaient un sourire, elle hôcha la tête. Changeant de conversation, Rose vit Will' se rapprocher d'elle, lui demandant quand est-ce qu'était son prochain rendez vous chez le médecin.

« A la fin de la semaine. Mon médecin en Italie m'a trouvé un très bon gynécologue ici. » sourit t'elle doucement.

Elle échangeait un sourire avec lui, alors que l'atmosphère se détentait peu à peu. Posant une main sur son ventre, Rosemary lui demanda.

« Tu vas rester ici alors ? »

« Je ne te laisserais pas toute seule ici, alors je reste, oui. »

Elle baissa la tête, murmura un « merci ». Rose lui sourit doucement puis s'éclipsa dans la chambre se changer. Leur cohabitation risquait d'être un peu bizarre surtout entre eux. Sortant de la salle de bain de la chambre, elle enfila un legging noir puis un simple haut qui mettait ses formes très en avant. Elle essayait de porter des vêtements dans lesquels elle se sentait totalement à l'aise.

Rose revint au salon, elle trouva William dans la cuisine préparant à manger. Elle resta là, sans bouger, elle le regarda juste. Quand elle le regarda comme ça, elle se rendit compte que rien avait changé. Ne faisait'elle pas une erreur en l'écartant de sa vie, à elle ? Plongée dans ses pensées, elle ne réalisa pas qu'il la fixait, leurs regards se croisaient alors mais aucun d'eux ne parlaient.